Zonages et comportement au bloc opératoire

Les sources de contamination sont multiples : le mobilier, les matériaux, la peau, les cheveux, la salive, la pollution environnementale, les tissus, les produits, le maquillage, les déchets, la contamination microbiologique (micro-organismes contenus dans l’air comme les bactéries, les moisissures ou les levures)…. Nous sommes une source de contamination importante. Tout cela génère des particules, de taille plus ou moins importante :

  • De 1000 à 50  μm comme les cheveux.
  • De 50 à 1  μm comme la cendre, la poussière lourde ou les bactéries.
  • De 1 à 0.1  μm comme les fumées ou la poussière en suspension.
  • Moins de 0.1  μm comme les virus ou les molécules gazeuses.

L’air est donc un vecteur de contamination important.

D’après le Rapport d’évaluation: “Quels niveaux d’environnements techniques pour la réalisation d’actes interventionnels?” de l’HAS : “Un bloc opératoire est défini comme un ensemble de plusieurs salles et annexes réunies dans une même unité immobilière. L’organisation d’un bloc opératoire permet de comprendre les impératifs nécessaires à une intervention de chirurgie.

Législation

La norme NF S 90-351 guide la conception, la réalisation, l’exploitation et la maintenance des installations de traitement d’air des salles propres et des environnements apparentés en milieu hospitalier.

Norme ISO 14 644 : Salles propres et environnements maîtrisés apparentés. Fait référence à la contamination particulaire.

Norme ISO 14 698 : Salles propres et environnements maîtrisés apparentés. Fait référence à la contamination microbiologique.

Le bloc opératoire est défini comme une zone à environnement maîtrisée, c’est à dire un espace dans lequel est effectué un traitement d’air par système de soufflerie, comprenant une sectorisation par zonage progressif délimité par des sas (isolement entre deux zones à environnements différents). La filtration est de très haute efficacité, c’est à dire que l’on filtre l’air entrant et on créé une différence de pression avec l’extérieur. 

L’objectif d’une telle ventilation est d’empêcher l’introduction ou la stagnation dans la salle d’opération de particules pouvant infecter la plaie et d’éliminer la contamination produite.

Le bloc opératoire et les salles d’interventions sont soumis à des normes ISO particulières et adaptées au type de chirurgie exercé. Ces normes définissent la classe de propreté particulaire, c’est à dire la concentration maximale de particules admissibles par m3 d’air. Exemple : pour une classe ISO 5, il est admis au maximum 10 200 particules de taille égale ou supérieure à 0.3  μm par m3 d’air.

Zone à risqueNuméro de classificationConcentrations maximales admissibles en particules detaille égale ou supérieurs à (p/m3d’air)
ISO0.5µm1µm5µm
4ISO 53520832
ISO 635 2008 320293
3ISO 7352 00083 2002 930
2ISO 83 520 0008 320 00029 300

Le traitement de l’air, nécessaire à la protection contre la contamination, est différent suivant la zone traversée. Il suit le principe d’asepsie progressive.

D’après le guide Qualité de l’air au bloc opératoire et autres secteurs interventionnels, de la SF2H :

  • Recommandation 2 : il est fortement recommandé de mettre en place un traitement d’air dans un bloc opératoire polyvalent. Selon la norme NF S 90-351 en vigueur, ce traitement d’air permet d’atteindre une classe de contamination particulaire au moins équivalente à ISO 7. G
  • Recommandation 24 : il est fortement recommandé de limiter au minimum nécessaire le nombre de personnes présentes dans la salle pendant l’intervention.
  • Recommandation 25 : il est fortement recommandé de réduire au minimum nécessaire les allées et venues et mouvements du personnel, ainsi que les ouvertures de porte dans la salle d’opération ou dans le secteur interventionnel.

Au sein d’un bloc opératoire, peuvent être distingués : les vestiaires, le sas de transfert, la salle d’induction, la zone de préparation chirurgicale, la salle d’intervention, la salle de surveillance post-interventionnelle (SSPI), les arsenaux et salles de réserves permettant le stockage des matériels stériles et propres, et des produits pharmaceutiques.”

Nous pouvons ainsi repérer cinq zones et trois douanes. Les douanes sont des barrières physiques (des sas ou des portes) ou virtuelles délimitant une zone dans le bloc. Ces frontières indiquent un changement dans la tenue du personnel hospitalier. Pour entrer dans chaque zone, il est nécessaire d’effectuer une hygiène des mains. Nous pouvons les répartir comme ceci :  

  • Zone 1 : Zone opératoire à très haut risque infectieux. Cette zone regroupe l’équipe chirurgicale, le champ opératoire, la/les table(s) d’instrumentation. Elle considérée comme à très haut risque infectieux.

=> Douane 3 identifiée par la tenue adéquate : pyjama de bloc opératoire, sabots spécifiques de bloc opératoire, cheveux couverts, masque occlusif sur le nez / la bouche / le menton, casaque stérile, gants stériles.

  • Zone 2 : Zone protégée à très haut risque infectieux. Il s’agit de la salle d’intervention qui est considérée comme à haut risque infectieux.
  • Zone 3 : Zone propre à haut risque infectieux. Elle regroupe le sas de pré-anesthésie, l’arsenal stérile et le sas de préparation de l’équipe chirurgicale (auge). Cette zone sera considérée comme à haut risque infectieux.

Ces deux zones obéissent à des règles préétablies qui sont destinées à limiter les contaminations par les micro-organismes. Elles sont soumises à la notion d’asepsie progressive et se distinguent par une barrière physique qui est la porte d’entrée de la salle d’intervention.

=> Douane 2 identifiée par une tenue adéquate : pyjama de bloc opératoire, sabots spécifiques de bloc opératoire, cheveux couverts, masque occlusif sur le nez / la bouche / le menton.

  • Zone 4 : Zone dite “sale” car elle n’est pas soumise aux mêmes systèmes de gestion des flux d’air et sont hors des zones protégées. Ainsi, elle regroupe la SSPI, la salle de détente, les bureaux, les locaux de décontamination, les réserves de matériels autre que les dispositifs médicaux. Elle est considérée comme une zone à risque infectieux moyen.

=> Douane 1 : a une frontière physique identifiée car elle fait la rupture avec l’extérieur. Elle comporte les vestiaires, le sas de transfert de patient ou encore la zone de décartonnage => pyjama de bloc opératoire, sabots spécifiques de bloc opératoire, cheveux couverts.

  • Zone 5 : Extérieur, lieux de prise en charge des déchets. Cette zone est considérée comme à risque infectieux nul. La tenue adaptée est la tenue civile.
Schéma fait par Mon Bloc Opératoire

Comportements associés

Ainsi le traitement de l’air particulier des différentes zones du bloc opératoire induit des comportements bien spécifiques :

  • Respecter le port d’une tenue adaptée à chaque zone, pour limiter la contamination.
  • Conserver les portes des salles d’interventions fermées afin de maintenir la surpression de la salle (supérieure à 15 Pa).
  • Eviter les entrées et les sorties au cours d’une intervention chirurgicale, chaque ouverture de porte supprimant la surpression (Recommandation 25 de la SF2H sur la qualité de l’air au bloc opératoire).
  • Limiter les déplacements en salle d’opération afin de diminuer les déplacements de particules au cours d’une intervention chirurgicale.
  • Nombre limité de personne en salle afin de limiter les déplacements (recommandation 24 de la SF2H sur la qualité de l’air au bloc opératoire).
  • Ne pas faire des allers retours entre le circuit sale et le circuit propre au cours d’une intervention.
  • Maintenir une température entre 19°C et 26°C d’après la norme NFS 90-351 d’Avril 2013. Une température inférieure à 19°C entraîne des difficultés à maintenir le patient à plus de 35°C et des troubles de la coagulation.

Tout cela afin de limiter la contamination du milieu et assurer la sécurité du patient au bloc opératoire.

Documents :

Sources :

Rapport du 28 avril 2009 – Le bloc opératoire – Au nom de la commission IX – Iradj GANDJBAKHCH

Qualité de l’air au bloc opératoire et autres secteurs interventionnels – Recommandations SF2H – Mai 2015

Norme NFS 90-351 (avril 2013) – Exigences relatives à la maîtrise de la contamination aéroportée – Thomas Schoenleber – Avril 2014

Avis n°2018-02/SF2H du 23 mars 2018 relatif au traitement d’air au bloc opératoire pour la prévention du risque infectieux en chirurgie – SF2H

Arrêté du 7 janvier 1993 relatif aux caractéristiques du secteur opératoire mentionné à l’article D. 712-31 du code de la santé publique pour les structures pratiquant l’anesthésie ou la chirurgie ambulatoire visées à l’article R. 712-2-1 

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