Le garrot pneumatique

Le garrot est un outil très répandu dans la chirurgie orthopédique. Il a de nombreuses applications et de nombreuses conséquences.

Composition

Il est composé d’une manchette gonflable que l’on fixe au niveau du membre à l’aide d’une sangle verrouillable. Il est relié à un réducteur de pression grâce à un tuyau en caoutchouc. L’air qui est comprimé va pénétrer dans la manchette à pression constante. Cette pression est maintenue tout le temps du gonflage et contrôlable par un manomètre sur la console.

 

La manchette peut être stérilisable ou non, à usage unique ou non.

Le but principal du garrot est d’interrompre la circulation artério-veineuse au niveau d’un membre. Cela permet de diminuer les saignements per-opératoire, de dégager la vue du chirurgien et ainsi faciliter l’intervention. Le champs opératoire est dégagé, les différentes structures anatomiques mieux identifiées et le temps opératoire diminué. Il n’a pas de visé à contrôler l’hémostase. C’est un outil de confort pour l’opérateur.

Mise en place

Avant de gonfler le garrot, il est recommandé d’exsanguiner  le membre opérer en le surélévant pendant 5 minutes :

  • A 90° pour le membre supérieur.
  • a 45° pour le membre inférieur.

Cette méthode diminue le risque d’embolie. 

Il est possible d’exanguiner le membre en “chassant” le sang à l’aide d’une bande d’Esmarch.

Le garrot se positionne à la racine du membre opéré.

Les contre-indications 

Elles sont multiples: antécédents de maladie cardio-vasculaires (pontage, insuffisance cardiaque, sclérose, calcification artérielle), obésité morbide, tumeur sur le membre portant le garrot, curage ganglionnaire, insuffisance respiratoire, drépanocytose.

Conséquences cliniques du garrot sur le corps

Les conséquences du garrot sont multiples et peuvent être graves. Pour cela, la présence des membres de l’équipe d’anesthésie est primordiale lors du gonflage du garrot et de sa levée. La communication per-opératoire entre l’équipe chirurgicale et l’équipe d’anesthésie est un point important pour limiter les conséquences du port du garrot sur le patient. 

Pour limiter au maximum les séquelles irréversible, la phase de gonflée ne doit pas excéder 120 minutes. Il est important de prévenir le chirurgien au bout de 60 minutes de garrot, puis 90 minutes et enfin 120 minutes. Le gonflement et la levée se font en accord avec l’équipe d’anesthésie, la présente de l’IADE ou du MAR dans la salle pendant ses deux temps est impérative

En per-opératoire : 

  • Compression vasculaire : si le garrot est laissé en place longtemps, les risques d’ischémie du membre ne sont plus négligeables. 
  • Compression nerveuse : le garrot serre le membre, écrasant les nerfs. Cela provoque des douleurs chez le patient voir même des lésions nerveuses qui peuvent perdurer jusque 6 mois après l’intervention.
  • Compression des muscles : peut induire des pertes de la fonction musculaire en terme de vitesse, contractilité, force et fatigabilité. Le port du garrot peut provoquer une augmentation de la kaliémie, ce qui engendre des nécroses au niveaux des muscles.
  • Compression cutanée : peut entraîner des brûlures, des lésions, des phlyctènes. 
  • Hémodynamique : augmentation de la tension induite par la douleur ressentie par le patient ainsi qu’une augmentation de la volémie.

A la levée du garrot : 

  • Hémodynamique: diminution de la tension, parfois que l’hypotension et augmentation du rythme cardiaque.
  • Douleur : la reperfusion du membre provoque des douleurs importantes pendant 2 à 5 minutes. De plus, ce phénomène peut induire la formation d’un œdème.
  • Embole : suite au manque de vascularisation du membre opéré pendant l’intervention, un ou plusieurs caillots peuvent se former au niveau du garrot et être entraîner par la reprise de la circulation sanguine. Cela peut donner une embolie pulmonaire ou des complications cardiovasculaires.
  • Vasculaire : le membre étant exsanguiné pendant tout le temps du garrot, ce n’est qu’à la levée de celui-ci que d’éventuelles lésions vasculaires seront visibles. Attention au risque d’hémorragie soudaine.

L’hémostase finale se fait une fois le garrot levé. Si possible, il est important de vérifier que les tissus se recolorent correctement ainsi que les extrémités. Ils sont à contrôler après levée des champs. En cas de doute, vérifier les pouls périphériques.

Il est recommandé d’utiliser le garrot le moins longtemps possible.

Une fois l’intervention terminée et les champs tombés, il est important de vérifier l’état cutané au niveau de la manchette. 

Législation :

La pose du garrot pneumatique d’usage chirurgical est un acte sur prescription médicale comme stipulé dans l’article R4311-9 du code de la Santé Publique :

L’infirmier ou l’infirmière est habilité à accomplir sur prescription médicale écrite, qualitative et quantitative, datée et signée, les actes et soins suivants, à condition qu’un médecin puisse intervenir à tout moment :

[…]

5° Application d’un garrot pneumatique d’usage chirurgical ;

[…]

Source : em-consulte, legifrance, SFAR

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